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Léopold Vidau,  Aco is bèn fa, aco is bèn di, la man din la man ...d’Orgon à la rose-croix.  

Chers fidèles lecteurs du blog et des petites chroniques sur l’histoire de Cabannes que j’écris dès qu’un fruit de ma curiosité sur l’histoire de notre commune mûri suffisamment pour vous le faire partager sur la toile presque en direct…

Vous le savez, cette quasi addiction pour l’écriture sur le web avait conduit à l’édition en 2013 de deux recueil de petites chroniques historiques intitulés « On va chez Maguy, ou le village heureux de nos parents », pour commémorer le centenaire de la publication d’une œuvre de Léopold Vidau, l’histoire de Cabannes…

Dix ans plus tard, je ne sais si ces nouvelles petites chroniques trouveront pour les accueillir un support papier, et si elles le méritent, mais ce dont je suis certain, c’est de la nécessité de préserver et surtout de transmettre des éléments de notre mémoire communautaire…

A ce sujet, je dois vous avouer mes regrets de pas avoir trouvé jusqu’ici , ni les mots, ni les arguments, ni peut être la force de convaincre notre commune à s’engager institutionnellement et collectivement dans cette préservation et transmission...Je m’en excuse...vous peut être vous pourrez y parvenir ?

Le philosophe Alain ne disait il pas  : L'histoire est un grand présent, et pas seulement un passé. »...un jour peut être Cabannes aura aussi un lieu de conservation de sa mémoire...qui sait ?

C’est donc avec mes moyens, et je précise que je ne suis pas historien, avec parfois la participation de contributeurs Cabannais, qui ne le sont pas non plus, que je et nous, continuons à rechercher les fruits de notre intérêt pour l’histoire de notre village.

Bref, assez de bla bla, écrivons une nouvelle petite chronique dans le prolongement de celle écrite il y a quelques jours «   La petite Marie Claude...du mas rouge aux lunettes de Léopold. »

Pour commencer, j’attire votre regard sur des cartes postales adressées à Léopold Vidau par...Frédéric Mistral.

La première se termine par un « Vivo la farandoulo » écrit et signé par « lou Mestre » comme le nommait son petit neveu. Cette carte est agrémentée d’un « bons baisers » écrit d’une autre main dont je n’arrive pas à identifier le ou la propriétaire.Peut être y parviendrez vous ?

La deuxième carte est adressée de Maillane par Frédéric Mistral à « M.L. Vidau- dou Félibrige-Noves - (Provence) », corrigée sans doute de la main du postier de l’époque par un « Cabannes ». Le message est clair : « Aco is bèn fa, aco is bèn di, la man din la man ».

La troisième, appelle elle aussi à quelques observations. Je vous laisse lire le texte écrit par Mistral, que j’ai du mal à déchiffrer, pour attirer votre attention sur l’annotation écrite à l’encre rouge en haut à Gauche...Il semble en effet que cette carte postale, postée en août 1909, ne soit arrivée qu’en 1915 !

Lisons l’ajout : « Trouvée à la boîte du bureau le 6 octobre 1915, la Rse »...sans doute signée de la receveuse.

Les tampons de la poste faisant foi, ils confirment que ce courrier posté de Maillane par Mistral le 11-8-09 ne soit arrivé, donc après sa mort, que le 6-10-15...comme quoi avec la poste tout est possible.

Voilà donc pour la part postale de cette chronique et revenons en à Léopold Vidau...J’ai déjà écrit à son sujet plusieurs petites chroniques, dont entre autres  :

Mais voila, la possibilité qui m’a été donné de découvrir des objets ou documents (Merci à « la petite » Marie Claude) appartenant à Léopold Vidau, m’a invité à rechercher des actes retraçant son parcours. Je me suis appuyé pour cela sur ce qu’il disait lui même en avant propos de son livre : « Is ourgonen »...Rappelons nous !

C’est ainsi, qu’en cherchant dans les archives départementales j’ai retrouvé son acte de naissance de l’an 1862. Son père, « Vidau Joseph Etienne » était boulanger et demeurait à Salon de Provence. Il déclare le 7 avril la naissance de Léopold, le 5 avril dans la maison d’habitation de son beau père, Peyre Joseph, à Orgon où il vivait donc avec son épouse Peyre Marthe….Voici donc l’acte, écrit à la plume d’une écriture remarquable…

Poursuivant mes recherches à Orgon dans la rue Grande, j’ai pu trouver trace dans un recensement de la famille Vidau : il y avait Jules (sans doute Joseph), garde aiguadier, sa femme Peyre Thérèse (sans doute Marthe), Léopold âgé alors de 10 ans, sa sœur Marie et son frère Eugène.

Toujours sur les traces de Léopold, quittons Orgon pour nous rendre maintenant à Cabannes. Le recensement de 1891 laisse apparaître qu’avec son épouse Marie Mourgues, Léopold avait eu son premier fils Eugène qui avait alors deux ans, ils habitaient dans le village.

Léopold n’était pas encore, ni poète reconnu, ni homme politique respecté, ni pépiniériste….Il était boulanger comme son père à sa naissance, après avoir été voiturier comme il est précisé dans son acte de mariage du 2 juin 1888 avec Marie. Notons que ce mariage avait été célébré par Félicien Goudemard, maire de Cabannes qui avait eu la responsabilité d’ouvrir l’hospice et qui avait succédé à Frédéric Vidau qui lui avait reçu, rappelons nous, le leg de M. Etienne Blache.

Cette profession de boulanger est par ailleurs confirmée à la lecture de l’acte de naissance en 1892 de son deuxième fils Marc Antoine, souvent appelé Antonin, qui sera élu maire de Cabannes à la libération.

C’est ensuite en 1906, que nous retrouvons Léopold habitant avec sa famille route d’Avignon à Cabannes dans le mas de ses beaux parents où une plaque posée il y a peu sur la façade, rappelle aux passants attentifs aujourd’hui son souvenir.

Voilà quelques points de repères sur le parcours de vie de monsieur Vidau.

Venons en maintenant à observer quelques documents qu’il a tenu en main et qui ne sont que le reflet des ses divers engagement.

Citons son engagement d’écrivain et de poète, le plus souvent en langue provençale avec ces dédicaces destinées à son fils Antonin (Marc Antoine).

L’une sur un exemplaire de l’histoire de Cabannes, l’autre émouvante sur un exemplaire de son livre « Aux enfants de Cabannes, morts pour la France ».

Imaginons aussi, parmi les nombreux prix reçus par Léopold, sa joie de recevoir un courrier de l’académie des jeux floraux.

Citons également son engagement de paysan- pépiniériste et imaginons sa fierté de recevoir par lettre sa nomination au grade d’officier du mérite agricole.

Citons enfin son engagement politique sur la commune et sur le canton d’Orgon qui l’avait conduit à être élu conseiller d’arrondissement comme en témoigne cette carte de visite.

Léopold Vidau était un homme d’engagements. Son engagement majeur d’entre tous , outre sa passion viscérale pour la langue provençale, c’était bien sur : la République !

C’est sans aucun doute ce dernier engagement qui l’a conduit à rejoindre la franc- maçonnerie et à être distingué du haut grade de « Bref de la rose-croix », décerné par la loge de la « sincère union des vrais amis réunis d’Avignon » du grand Orient de France.

Avec le recul on comprend mieux son implication résolue pour l’école publique, au « sou des écoles » et pour la laïcité...

Au delà de son nom laissé à une rue, une résidence ou à une médiathèque, des traces de ses actions demeurent encore vivaces mais s’effacent au cours du temps...Sachons les préserver parce qu’elles sont parfois encore d’actualité !

Merci de votre lecture attentive, n’hésitez pas à me faire parvenir vos avis, corrections ou compléments.

Bien cordialement,

Cabannes, le 11 janvier 2023

Jacques ROUSSET

 

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