HISTOIRE DE CABANNES : Cabannes-Gare 6H24-Marseille 9H15, le pays des fruits et du soleil et une avenue rigoureusement... pas droite !

16 Janvier 2023

Cabannes-Gare 6H24-Marseille 9H15, le pays des fruits et du soleil et une avenue rigoureusement... pas droite !

« Cabannes se trouve sur le réseau de chemins de fer départementaux, ligne de Barbentane-Orgon ; la station est à 500 mètres du village ; elle est reliée à celui ci par une superbe avenue plantée de marronniers ; il est profondément regrettable que cette avenue ne soit pas rigoureusement droite alors qu’il était si facile de l’établir ainsi. »

Ces mots de Léolpold Vidau datent de 1913 et ont forcé ma curiosité au sujet du tracé de cette avenue et sur un de ses aspects auquel je ne prêtait pas, il faut bien le dire, une grande attention…

Il est vrai que l’avenue de Verdun se termine par une courbe pour rejoindre la gare…

J’ai donc cherché des traces au hasard du net des raisons de cette courbe...et là, bingo, je trouve tout d’abord deux petits articles qui datent de 1887 et 1889 qui révèlent, sans aucun doute, une vive polémique à l’époque où se débattait l’implantation de la gare.

Lisons donc le journal « Le petit provençal » du 13 janvier 1887…Le maire de l’époque était Frédéric Vidau, maire depuis 1878.

Le correspondant local qui se félicitait que « dès maintenant nous avons tout lieu de croire que l’avenue de la gare arrivera sur le cours » ne mâchait pas ensuite ses mots qui reflètent avant tout le climat politique local pour le moins agité, comme en témoignait aussi dans cette période d’autres articles au sujet de la création de l’hospice...Lisons!

Deux ans plus tard, le maire de notre commune est désormais Félicien Goudemard. Un autre journal « le petit Marseillais » du 25 octobre 1889, publie ce qui ressemble à un droit de réponse du maire, à un article du correspondant local que je n’ai pu retrouver...

D’entrée, l’objet de la polémique est posé : « la prompte construction de l’avenue de la gare »

Cet écrit stipule que la « municipalité républicaine actuelle de Cabannes».../... a l’orgueil d’avoir fait classer cette avenue comme annexe au chemin d’intérêt commun N°23, cela dans un souci d’économie pour la commune, et en vue de faciliter l’occupation temporaire des terrains.Enfin, depuis longtemps elle en demande l’expropriation... ».

Ainsi, nous avons une trace partielle des débats qui présidaient dans la commune afin d’ouvrir une avenue pour aller à la gare. Nous pouvons imaginer, comme de nos jours , dès lors qu’il est question d’aménagements, que l’intérêt de propriétaires concernés s’opposaient peut être à l’intérêt général sur fond de luttes politiques dans lesquelles s’affrontaient « le camp des républicains » et celui que les républicains nommaient «le camp de la réaction. ».

Voilà sans doute une des raisons pour laquelle Léopold Vidau regrettait en 1913 que cette avenue ne soit pas rigoureusement droite.

En consultant aujourd’hui un plan de Cabannes, il se pose une question : le chemin d’intérêt commun 23 était il la route de Noves répertoriée D26 ? et son annexe est elle l’avenue de la gare, répertoriée D26 A ?...Qu’en pensez vous ?

Quoiqu’il en soit, la gare, et son avenue qui n’est pas rigoureusement droite et qui prendra le nom après la première guerre mondiale de « avenue de Verdun », ont largement et efficacement contribué au développement économique de notre commune...Je vous invite à ce sujet à relire cette ancienne chronique : La gare, les expéditions, les marronniers et le resquilleur…

1887, 1889, 1913, nous voilà maintenant en 1929. Le maire, monsieur Eucher Ferrier, vient de recevoir une lettre qui n’en doutons point, a du le remplir de satisfaction. Le directeur de la régie du chemin de fer départementale l’informe que la compagnie du PLM (Paris Lyon Marseille) a décidé de faire en sorte que les voyageurs de Cabannes pourront aller en train à Marseille à partir du 16 mai. Départ Cabannes 6H24 et arrivée à Marseille 9H15 ! Qu’on se le dise !

Lisons donc ce petit article du journal « le radical de Vaucluse » de 1929.

Qui peut imaginer aujourd’hui que l’on puisse au départ de Cabannes aller à Marseille ?

Ce service offert aux voyageurs devait beaucoup au développement économique et à l’importance des expéditions de fruits et légumes…

1887, 1889, 1913, 1929, nous voila en 1932 où ce développement conduit les expéditeurs et le maire de Cabannes à demander avec succès des dessertes supplémentaires à dimension Européenne...lisons !

1887, 1889, 1913, 1929, 1932 nous voilà arrivé à destination de cette petite chronique...Nous sommes en 1951 et cela sera le terminus.

Un article de « la revue générale des chemins de fer » de mars 1951, rendait compte de l’organisation du transport à travers la France et vers l’Europe, grâce aux stations frigorifiques installées près des voies ferrées. La revue précise que ces installations sont le premier maillon de la chaîne du froid, elles valorisent les récoltes, elles permettent une réduction du prix de revient...

Pour illustrer son propos, ce journal choisi de citer la coopérative fruitière de Cabannes, dont il en publiait les plans. Par ailleurs, un schéma avec implantation des stations d’emballage montrait les diverses articulations ferroviaires nationales qui, alors, permettaient aux productions locales de faire grande renommée à notre commune…..Le pays des fruits et du soleil !

La suite de cette petite chronique ferroviaire à Cabannes reste à écrire…

Aujourd’hui, la gare a été vendue, l’avenue de Verdun avec ses marronniers quelque peu délaissée mais elle n’est toujours pas rigoureusement droite, et la voie ferrée transformée en piste cyclable...quant à l’économie locale qui a fait la renommée de Cabannes… ? Bref !..

Sachez enfin que si vous voulez aller en train à Marseille par cette ancienne desserte c’est encore possible ; mais pour cela, ne prenez pas l’avenue de Verdun pour attendre le train à la gare, il faudra vous rendre directement à Orgon : départ 6H43 et arrivée gare Saint Charles à 7H53.