Non ! les félibres de Paris et les cigaliès ne sont pas venus à Cabannes en pélerinage...Adolphe Dumas, Castel Blaze et Félicien David

En avril ne te découvre pas d’un fil...dit on de façon poétique, Vas sur ton ordi, fais tes recherches et écris une chronique. C’est donc ce que j’ai une nouvelle fois, le vent et météo obligent ! J’ai donc tapé Cabannes, j’ai trouvé et maintenant je rédige.

J’en conviens, c’est une drôle d’introduction pour une nouvelle petite chronique historique sur Cabannes, mais c’est aussi un drôle d’article de presse que je viens de dénicher sur la toile.

Cet article paru le mercredi 19 mars1894 au matin dans un quotidien « le journal des débats », citait Cabannes à l’occasion du « pélerinage des félibres » de Paris.

A sa lecture j’ai rapidement été intrigué...mais lisons le ensemble :

Passons sur la première partie du périple estival des félibres de Paris , passons sur sans doute la faute de frappe sur « Eyrargues », mais il m’est difficile de passer sur une inauguration à Cabannes du buste de Castil-Blaze et d’une plaque commémorative placée sur la maison qu’habita Félicien David… 

Je n’y comprenait plus rien et eu subitement une bouffée d’angoisse en pensant que ces évènements auraient pu jusqu’alors m’échapper.

Ce moment d’égarement passé, je décide donc de continuer mes recherches en utilisant un « moteur » qui ne paye pas ses impôts en France.

Banco ! J’extrait deux autres articles de presses qui concernent le même évènement.

Le premier est issu d’un quotidien intitulé « Le Rappel » du 26 février 1894

Le deuxième est issu d’un autre quotidien au titre de « La liberté » du 24 février 1894 ou précisait il du 9 ventôse an 102..

La lecture de ces deux articles de presse me rassura quelques peu en corrigeant les graves erreurs du quotidien « le journal des débats ». Félicien David habita bien Cadenet et non Cabannes et le buste de Castil Blaze fut inauguré à Cavaillon et non à Cabannes.

Toutefois, il me restait une interrogation : selon ces divers article les félibres Parisiens seraient venus à Cabannes inaugurer un buste d’Adolphe Dumas ?. N’ayant jamais entendu parlé ni de cet évènement, ni de ce buste, une nouvelle bouffée d’angoisse m’envahit à nouveau...la deuxième de la matinée !

Reprenant mes esprits, dépassant mon état interrogatif, je décide donc de poursuivre mes investigations et là re-banco !

Je retrouve un document intitulé « le voyage des félibres et des cigaliés (9-14 aout 1914) ». Cette brochure donnait un compte rendu complet et précis de ce séjour qui, selon son sous titre, les conduisit à Lyon, la descente du Rhône, Tournon, Valence, Cadenet,Orange, Avignon, Vaucluse, Cavaillon.

La lecture attentive de la brochure ne laisse apparaître un quelconque passage à Cabannes, en voici les divers chapitres :

Les félibres de Paris ne sont donc pas venus à Cabannes ce jour là, par contre, en fin de séjour ils ont bien fait un détour, non loin de là, à la chartreuse de Bonpas pour inaugurer une plaque commémorative en la mémoire d’Adolphe Dumas.

Rappelez vous : «Eïci es nascut lou Félibre Adoufe Dumas, 1806/1861, Li Félibre de Paris e Li Cigaliè, 1894 »….Je vous conseille donc de lire ou relire les petites chroniques consacrées à Adolphe Dumas en cliquant sur les liens suivant :

HISTOIRE DE CABANNES : Un curé, des francs maçons, un cyprès de Provence agité par le vent, un ténor….Adolphe Dumas...et….Jean Baptiste Charles Dumas, né à Cabannes…

Histoire de Cabannes : Adoufe Dumas, félibre.

Histoires, Matrimoine, identité, rues et places, amour et sobriquets...Lu dans la presse

Et bien voila comment ma curiosité en ce dimanche frisquet mais où le soleil est revenu, fut induite en erreur par un article de presse écrit avec beaucoup de légèreté, trompant le lecteur du moment et, avec le temps passant, trompant l’histoire.

Non, sauf erreur de ma part, les félibres de Paris ne sont pas venus à Cabannes mais juste au pont de Bonpas...Il est vrai que de Paris, Cabannes et Bonpas c’est peut être pareil ?

Quant à Adolphe Dumas, demeure à Cabannes une stèle commémorative rafraichit en 2013, demeure ces paroles de Frédéric Mistral et ces quelques strophes d’Adoufe Dumas.

Mais cette erreur journalistique, a eu le mérite de faire exploser « mon temps d’écran » et je dois vous livrer en pièces annexes quelques éléments utiles à une meilleure compréhension de cette « drôle » nouvelle petite chronique historique sur Cabannes.

Cabannes, le 3 avril 2022,

J . ROUSSET

PS : Annexes importantes

Le Rappel était un quotidien français, fondé le 4 mai 1869 à la fin du Second Empire, et qui parut jusqu'en 1933. Au début de la Troisième République, il incarnait une tendance radicale-républicaine. Le journal fut fondé à l'initiative de Victor Hugo à la veille des élections générales.

La Liberté est un journal français fondé en 1865 par Charles Muller de convictions monarchiques. . A la date où est écrit l’article de directeur est Georges Berthoulat qui est un homme politique français. Député de Seine-et-Oise de 1902 à 1906, il est un adversaire des radicaux et de la politique d’Émile Combes. Il est l'un des orateurs qui s'opposent à la loi de séparation des églises et de l’État en 1905.

Le journal des débats est créé peu après les premières réunions des États généraux de 1789, il renfermait le verbatim  officiel des débats de l'Assemblée nationale . Sous l'Empire, il est assez opposé à Napoléon Ier, qui lui impose un nouveau titre, Journal de l'Empire . A la Première Restauration, le journal prend le titre de Journal des débats politiques et littéraires .  Au début de la Seconde Restauration, le Journal des débats fait partie des journaux conservateurs sans être réactionnaire. En 1871, la Commune suspend le Journal considéré comme pro-versaillais. Il reparaît le 31 mai , après la Semaine sanglante. Le Journal des débats continue de paraître pendant l'Occupation, et même après l'occupation de la Zone sud. C'est ce qui lui vaut d'être supprimé à la Libération en 1944.

Le Félibrige a été fondé au château de Font-Ségugne (Châteauneuf-de-Gadagne), le 11 mai 1854, par sept jeunes poètes provençaux : Frédéric Mistral, Joseph Roumanille, Théodore Aubanel, Jean Brunet, Paul Giéra, Anselme Mathieu et Alphonse Tavan. Ensemble, ils entendaient restaurer la langue provençale et en codifier l'orthographe.

Une des premières réalisations du Félibrige fut la publication en 1855 d'un almanach entièrement rédigé en provençal, l'Armana Prouvençau , précédant la publication par Frédéric Mistral de Mirèio  et du Tresor dóu Felibrige, premier dictionnaire provençal-français.

Son action s'est appliquée au provençal dans un premier temps et s'est étendue rapidement à l'ensemble des parlers d'oc, dès la fin du xixe siècle. Ses fondateurs avaient émis le souhait que, dans chaque région de ce qui avait constitué jadis les provinces de langue d'oc, se créent des Escoles regroupant les amoureux de cette langue.

François-Henri-Joseph Blaze, dit Castil-Blaze  est né à Cavaillon en 1784 est un musicographe, critique musical compositeur, éditeur français et également auteur provençal. Castil-Blaze s’est fait connaître comme critique. Il publie dans Le Journal des débats des Chroniques musicales .Il a écrit la traduction française du livret du Barbier de Séville de Rossini .Il est l'auteur d'un opéra en quatre actes.

Castil-Blaze n’avait pas oublié ses origines provençales: « Je n’attache de prix qu’à mes œuvres provençales ; c’est le seul bagage poétique et musical que je lègue à la postérité..." Le bagage dont parlait Castil-Blaze se réduit à douze chansons populaires en provençal. Il s’y ajoute vingt-sept pièces de vers que ses amis félibres publieront après sa mort.

Félicien David, né à Cadenet le 13 avril 1810 est un compositeur français. Citons parmi ses œuvres : Le Désert, poésie symphonique sur un poème d’Auguste Colin, dédié au duc de Montpensier, Moïse au Sinaï, La Perle du Brésil opéra comique en 3 actes, Herculanum, Lalla-Roukh, opéra comique, La Captive, opéra comique.

Félicien David meurt en  1876. Ses obsèques civiles sont à l'origine indirecte d'une crise politique. Chargé de rendre les honneurs militaires au défunt, le capitaine chargé du peloton s'y refuse en l'absence de service religieux.

Le tambour d’Arcole : Conçu par Jean Barnabé Amy, ce monument  de Cadenetest inauguré le 10 août 1894, en présence de membres du gouvernement. Le poète Frédéric Mistral compose pour la circonstance un poème en provençal, lou Tambor d'Arcolo.