HISTOIRE DE CABANNES: Sommes nous en terre civilisée ? Sommes nous en pays de peaux Rouges ?

Histoire de Cabannes : « Sommes nous en terre civilisée ? Sommes nous en pays de peaux Rouges ? »

Je crois que j’ai largement dépassé « mon temps d’écran », froid et mistral obligent  en ce début d’avril!

Toujours à la recherche obstinée d’indices, d’évènements ou de témoignages relatant l’histoire de Cabannes, ma curiosité a pris le temps ce matin de consulter des archives et de pouvoir lire un article d’un journal quotidien datant du mercredi 11 décembre 1878.

Ce journal se nomme «  L’univers » et vous livre l’extrait d’un article qui attira mon attention.

Ce journal national se nommait «  l’univers » et il parlait de Cabannes...mais à sa lecture complète de l’article signé de Ph. Serret, j’ai été très surpris par le ton, le contenu et le commentaire de l’auteur.

C’est ainsi qu’avant de vous donner lecture complète de cet article pour le moins très engagé et qui s’interrogeait sur Cabannes en ces termes « sommes nous en terre civilisée ? Sommes nous en pays de peaux Rouges ? », il me paraît utile de faire un préambule à sa lecture.

Ce préambule s’impose d’autant, que l’objet de cet article de 1878 est l’expression de positions exacerbées se situant pendant une période politique de « guerre scolaire » peu avant la promulgation des grandes lois Ferry.

Je vous invite à relire un récent article publié sur ce blog intitulé (vous pouvez cliquer) : Marie, Baudile, Marguerite...un tour de France, la noblesse du cœur  et des bœufs noirs!

Je vous invite à relire également le livre : « Au nom de la République-Histoire du sou des écoles laïques de Cabannes ». Cela peut aider à comprendre le contexte et vous pouvez le demander en contactant les AIL de Cabannes.

Je vous informe enfin que le maire en 1878 était Frédéric Vidau qui venait d’être élu le 6 janvier 1878. Il conduisait une liste  « d’union républicaine » et venait de remporter les élections face à la liste « conservatrice » de monsieur Barailler par 202 voix contre 194 .

La liste « d’union républicaine de Frédéric Vidau sera réellue en 1881 avec 240 voix contre 126 à celle de monsieur Mounier….En cette période, la Rébublique était au coeur des enjeux.

Quant à « L’univers », initialement appelé « l’univers religieux » c’était un journal quotidien catholique français fondé en 1833 qui devient à partir de 1840, sous la direction de Louis Veuillot, polémiste violent et doué, l’organe du « parti catholique ». 

A ses débuts, ce journal est bien l'organe de la pensée du catholicisme libéral  mais les orientations ultramontaines et libérales du titre, ainsi que la personnalité de Veuillot, souvent injurieux et calomniateur, desservent le journal.   Considéré à Rome comme l’organe du « laïcisme », soupçonné d'être hostile au régime du roi Louis Philippe, il est en butte à l’opposition pontificale : le titre est saisi à plusieurs reprises dans les États pontificaux.

Malgré les excès de Veuillot, qu'ils réprouvent en privé, les libéraux conservent en effet leur appui officiel au journal, dans le cadre de la lutte commune des catholiques français pour la « liberté d'enseignement », dont le journal est un efficace fer de lance.

En 1850, le vote de la loi Falloux, qui accorde la « liberté de l'enseignement » secondaire en France, entérine la rupture entre Veuillot et les libéraux. Veuillot s'oppose en effet à la loi, qu'il juge insuffisante pour les catholiques et l'enseignement congréganiste.

La plupart des catholiques libéraux condamnent le Second Empire, régime autoritaire, au nom des libertés, et se retirent de l'action politique. En revanche, Veuillot soutient l'empire sans réserve, s'adjoignant aux partisans de l'ordre et d'un catholicisme de plus en plus réactionnaire, ultramontain et absolutiste. Toutefois, la condamnation par le pape Pie IX de la politique de Napoléon III concernant les États pontificaux entraîne une vive polémique contre l'empire, au point que le journal est suspendu le 30 janvier 1860

Le journal reparaît le 16 avril 1867. Louis Veuillot tombe paralysé en 1879 et passe la direction du journal à son frère, Eugène. C'est donc sous la direction d'Eugène Veuillot que l'Univers adopte dès 1883 la politique du ralliement à la République demandé par Léon XIII. En 1900, La Vérité est absorbée par l'Univers qui lui impose sa ligne. Lors de l'Affaire Dreyfus, l'Univers est d'abord hostile au capitaine Dreyfus mais moins violemment antisémite que La Croix

En 1912, le journal est racheté par des catholiques proches de l'Action française. La parution est suspendue en 1914 pour cause de guerre, pour ne reprendre, en hebdomadaire dominical, qu'en août 1917. Les dissensions internes, le manque de lecteurs et de capitaux le font évoluer en mensuel avant de disparaitre définitivement en 1920.

Après ces préambules il est donc temps de porter à votre connaissance cet article qui retrace un évènement survenu à Cabannes auquel se rajoutent des commentaires pour le moins très engagés de monsieur Serret :

Alors, à Cabannes qu’est venu faire « le garde champêtre, dont l’unique emploi est de traquer les maraudeurs et des verbaliser à raison des délits commis aux champs ? »,

et que signifiait « la présence du secrétaire de la mairie, simple employé aux écriture sans autorité ni caractère public d’aucune sorte ? »

A Cabannes « Sommes nous en terre civilisée ? Sommes nous en pays de peaux Rouges ? »…

Difficile de répondre, sans avoir d’autres éléments ou d'autres sources historiques sur cet évènement survenu le 26 novembre 1878 dans notre commune il y a donc 144 ans.

Ce qui est certain c’est que l’enjeu Républicain était vif et les affrontements nombreux...L’enjeu était la République. Trois ans plus tard cet évènement en 1881, une première loi Ferry rend l'école gratuite, un an après une autre loi rend l'instruction primaire tend à laïciser l’enseignement public et enfin en 1886 la loi Goblet confie à un personnel exclusivement laïque l'enseignement dans les écoles publiques, remplaçant les instituteurs congrégationnistes.

Cabannes, le 2 avril 2022, il souffle fort.

PS : pour celles et ceux qui souhaitent lire le journal complètement :