/image%2F0552940%2F20221210%2Fob_2958f9_tournesol.jpg)
Alburnus alburnus et « Bravo Fernand ! »
L’ablette ou plus scientifiquement Alburnus alburnus est originaire d'Europe. Ce petit poisson de 25 cm tout au plus vit proche de la surface de l'eau. Il fréquente les secteurs des rivières et des fleuves où les débits sont lents. Il a également ses habitudes dans les plans d'eau où, là comme ailleurs, il fait bien souvent scintiller les reflets de sa robe métallique dans l'eau transparente. Ses écailles ont longtemps été utilisées pour fabriquer la nacre des perles fantaisie imitant le bel éclat des perles fines…
Cette perle fine est également le nom d’une association Cabannaise…Oui, une perle fine et précieuse qui a su offrir à notre commune un vrai joyau, notre « perle de la couronne » : un plan d’eau !
Dans la première édition du recueil « On va chez Maguy », nous avions évoqué bien des aventures telles que celle du C.O.C, du club taurin, de la colonie…puis dans d’autres chroniques, celle de l’auto cross et bien d’autres…Il y en a une qui mérite toute sa place dans la grande ou petite histoire de la commune, c’est celle du creusement d’un lac tant son apport est immense à notre vie communautaire, culturelle, associative et surtout….halieutique !
Oh, bien sur, rassurez vous, on ne va pas remonter au temps des étrusques pour conter l’histoire de ce creusement d’un projet que la détermination, l’acharnement et les convictions de quelques citoyens bénévoles ont refusé de renvoyer aux calendes grecques, autrement dit Ad kalendas graecas qui signifie « repousser indéfiniment la réalisation d'une action ». Nous allons pour point de départ de cette petite chronique nous remémorer une affichette annonçant que le 5 juillet 1998 sera « jour de fête pour tous »…
Mais avant d’en venir au fait, je dois préciser que le travail de recherche historique a été conduit sous la direction experte de mon ami Pierre Caréna, tantôt historiographe, tantôt anthropologue, mais surtout acteur et témoin contemporain de cette aventure piscicole. C’est sans doute essentiellement au cœur du « rondoulet » qu’il a du installé son bureau de recherche, aidé de Fernand, Jeannot, Marc et les autres pour réaliser cette reconstitution…Donnons lui la parole !
« Avant la guerre de 39-45 il y avait à CABANNES une société de pêche qui s’appelait l’Ablette Cabannaise comme en témoigne ce permis de pêcher de 1939. Son président était M. Villard père de Paul Villard qui fut Maire de Cabannes de 1989 à 1995.
Le dépositaire des permis de pêche était M.Eugène Vidau qui tenait le tabac dans la grand rue
C’est en 1947 d’après Fernand Macioci que sont crées ce que l’on nomme « les AAPPMA » soit association agréée de pêche et de protection des milieux aquatiques.
Il précise que, Cabannes n’ayant pas d’agrément, les pêcheurs se tournent vers la Gaule Amicale de Châteaurenard dont un des vices présidents fut Eugène Bertrand qui représentait les pêcheurs de Cabannes au bureau de la Gaule et que l’on apperçoit au côté de M. Macioci et de M. Thangeron.
Avec la construction de l’Autoroute, dans les années 60, de nombreux trous ont étaient creusés au bord de la Durance pour en extraire du gravier pour sa construction et en accord avec les « AAPPMA « de Châteaurenard et Cavaillon, l’association utilisait pour ses lâchers de poissons, un « trou » cadastré n°9 juste à côté du Ball-trap. .
En 1962 mon ami Fernand Macioci prenait son premier permis de pêche et il m’a a confié une copie. En 1967 il a rejoint Eugène au bureau de la Gaule où il en fût également vice-président.
Puis, devant le succès des concours de pêches, l’augmentation de la vente des permis et le nombre de lâchers toujours grandissant, certains se rappellent de lâcher pour le concours dans le canal du Réal , l’équipe qui aidait Fernand, René, Marc, Dédé, et bien d’autres encore, se sont posé la question de créer une AAPPMA. Ils engagèrent donc les démarches pour sa création. Mais voila, cette démarche n’aboutit pas car pour avoir l’agrément de la création d’une AAPPMA, il fallait avoir suffisamment de kilomètres de berges aquatiques et ce n’était pas le cas à Cabannes.
Mais à ce moment là, personne ne baissa les bras et dans les années 90, ils décident de recréer, en accord avec la Gaule amicale et la Fédération départementale, une section de celle-ci et de devenir association de pêcheurs Cabannais et son nom sera naturellement … l’Ablette Cabannaise…C’est ainsi que petit à petit, est né dans la tête de ces passionnés, l’idée d’un plan d’eau. »
Voila donc pour la préhistoire à l’histoire de l’ablette et du plan d’eau. Pour la suite, notre directeur de recherche s’est transformé en archéologue de la cinématographie…
C’est ainsi qu’il se rapprocha de Marc Guisol, président actuel de l’association, qui, surprise, lui confia un précieux document sur CD.
Ce document est en fait un film intitulé « Cabannes…le plan d’eau ». Il fut tourné par Marc de février 1997 à juillet 1998, et disons le franchement, mériterait pour l’histoire d’être versé aux archives Cabannaises de l’INA et pour sa qualité à l’institut Cabannais du cinéma, catégorie court métrage et reportage.
Nous lui décernerons donc une palme d’or locale et décidons de vous en donner un petit aperçu à l’aide de « saisies d’écran » commenté souvent par le réalisateur.
Le 23 février 1997, à 19h42, la voix de marc accompagne le titre « Cabannes…le plan d’eau ».
La première image, sur fond sonore naturel de chant d’oiseaux, montre le site où va être creusé le lac.
Le 3 mars, Marc filme Fernand sur le terrain : « si on faisait la guinguette là ?…/…ce sera impeccable Marc…/…je me demande qui a porté ces blocs de béton… »
Le tournage se poursuit le 2 avril et les travaux ont commencé suscitant ce commentaire : « y’a pas d’eau mais la fraicheur commence à se faire sentir ».
Le 7 avril, « avancement des travaux, le gravier, la terre…le famille Léonard…Monsieur Taton, toujours vu de dos… »
Le 18 avril, Marc commente : « L’aïgue ! » et le 25 avril, « dix neuvième jour de chantier…fin du décapage de la terre ….Ah ! un président !...le président réfléchit…monsieur le maire… »
Le 20 mai « aujourd’hui c’est calme plat…pas d’engin…la hauteur de l’eau…premier pallier…deuxième pallier…un jour d’impatience…monsieur Benoit est arrivé…il transpire, il a pas porté d’eau pour boire…ça c’est vraiment de l’impatience, il veut vraiment faire le concours ici. »
Le 6 juin : « sans commentaire…l’eau ! »
Puis les images se succèdent, le 27 juin, et le 15 juillet : « le bout de l’île » avant que le 26 juillet 1997 ai lieu le premier lâcher de poisson réalisé par Fernand Macioci. Marc commente : « premier lâcher…déjeuner improvisé sur le plan d’eau…pourquoi il court René ? »
Le tournage se poursuivra à l’automne pendant les travaux de finition puis ce fut la plantation des arbres et enfin le 5 juillet 1998 le jour de l’inauguration en présence d’un député, d’un conseiller général et bien sur du maire de l’époque, Gérard Vouland qui concluait ; « Vive les pécheurs, vive notre plan d’eau et vive Cabannes ».
Fernand dans son discours tenu à préciser « il y a eu des moments de découragement mais nous n’avons jamais baissé les bras…notre amicale peut être fière d’avoir contribué à la réalisation de ce plan d’eau….aujourd’hui est un grand jour ! »
Après cette prise de parole le public venu nombreux entonna un très chaleureux « Bravo Fernand…Bravo Fernand…Bravo Fernand »
Le film pouvait donc se terminer, il appartient désormais à l’histoire de notre commune grâce au talent et à la passion de Marc.
Cette petite nouvelle chronique peut également se conclure, non pas chez Maguy, mais à l’ombre des platanes, au bord du lac, près de la guinguette construite en 2011 si chère à Pierre et en présence de tous les bénévoles de l’Ablette que nous remercions pour leur précieuse contribution.
L’Ablette, qui a « le bel éclat des perles fines… » et à qui nous dédions pour conclure le titre de cet article écrit par « HD » en 1993 : « Heu-reux les pêcheurs Cabannais ! »
