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Trois millions de manifestants face à un gouvernement autiste

« Mobilisation : les syndicats réussissent leur pari, l’Elysée refuse de plier » (Les Echos). « L’intransigeance du gouvernement n’a pas découragé le mouvement social », remarque L’Humanité, « la preuve par trois millions », titre le quotidien en une de son site. Libération, qui, comme tous les quotidiens nationaux souligne l’inflexibilité du gouvernement (idem pour la presse régionale dont les Echos.fr une propose une revue), pose la question « Et maintenant ? » Le Monde, dans son édition imprimée mise en ligne, titre : « Social, université : au plus fort des crises, Sarkozy parle sécurité ». « Grèves, manifestations et après ? » demande Le Figaro. Le premier ministre, cité par le quotidien, répond : « la mobilisation ne résoudra pas la crise ». Bref, « les syndicats mobilisent, Fillon temporise », titre La Tribune.

Pourtant, l’Insee pronostique un recul de 3 % du PIB en 2009 et près de 300 000 chômeurs supplémentaires d’ici au mois de juin, annoncent Les Echos. C’est un scénario beaucoup plus noir que celui prévu par le gouvernement, note Le Figaro qui a par ailleurs ce titre : « L’Insee attend 387 000 destructions d’emplois au premier trimestre 2009 ».

Que propose François Fillon ? Des « mesurettes », estime Martine Aubry citée par Les Echos. Mais « ce ne sont pas des défilés qui permettront de sortir de la crise », s’offusque Brice Hortefeux. Pourtant, rétorque Jean-Claude Mailly, les syndicats sont déterminés à « maintenir la pression » (Les Echos). « Le succès des manifestations met la pression sur le pouvoir », estime pour sa part Libération. Hier, 1,2 million de personnes, selon la police, 3 millions selon la CGT ont défilé dans 229 manifestations à l’appel des huit syndicats (CGT, CFDT, FO, CFE-CGC, CFTC, Solidaires, FSU, Unsa). Le 29 janvier, elles étaient 1,08 million selon la police, 2,5 millions selon les syndicats. De plus, remarque Le Figaro dans une vidéo, les salariés du secteur privé ont été nombreux.

Que leur propose le gouvernement ? « On va faire de la pédagogie », indique Matignon (Libération).

Et les syndicats ? Ils se réunissent aujourd’hui pour décider des suites à donner à un mouvement qui bénéficie d’un fort capital de sympathie, qu’il compte préserver en ne lançant pas d’initiative improvisée, croit savoir Libération. Il ne devrait pas y voir d’appel à une troisième journée de mobilisation mais une préparation active des défilés du 1er mai et d’ici là des manifestations régionales.

Libération souligne que l’absence de réponse du gouvernement à la seconde grande journée de mobilisation de l’année 2009 « n’est pas sans risque pour Nicolas Sarkozy et sa majorité. Certes, un scénario façon Guadeloupe est peu crédible, même si l’idée d’une grève générale reconductible pour obtenir 200 euros a ses supporters à FO ou à Solidaires. Mais la radicalisation des conflits sociaux, qui se multiplient avec l’annonce des plans de licenciement et les défaillances d’entreprises, ne peut que renforcer l’idée largement partagée par les Français selon laquelle les mesures prises depuis que le début de la crise n’ont servi qu’à préserver les intérêts des banques et les bénéfices de Total. »

Signalons sur le site des Echos le détail, une liste, du nombre de manifestants par ville. L’Humanité souligne pour sa part qu’un cap historique a été franchi à Marseille, avec 300 000 manifestants.

 

Le comité Balladur organise le centralisme régional

Le conseiller générale de la Manche et ancien ministre Philippe Bas, estime dans un point de vue publié par Les Echos que le rapport Balladur sur l’organisation territoriale vise la mort du département au profit d’un centralisme régional.

En effet, « la disparition des cantons proposée par le rapport va priver les départements de leurs racines territoriales, ils seront dépendants des régions, et seront attaqués à la fois par le bas et par le haut, groupements de communes et régions se taillant la part du lion dans la distribution des compétences et des finances locales. C’est condamner le département à la mort lente après avoir renoncé à l’exécuter ! »

« Le comité présidé par M. Balladur, pourtant composé d’élus connaissant bien les territoires, ressort malheureusement les mêmes arguments d’autorité, la même vision parisienne sous couvert de bonne gestion, la même pensée unique qui avaient déjà inspiré pour partie le rapport Attali. Bien loin des réalités humaines et sociales de notre pays, il entend substituer au centralisme d’Etat, qui nous a fait tant de mal, un nouveau centralisme régional, tout aussi distant de la base, qui n’a aucune chance de nous faire du bien. »

Réforme territoriale : les collectivités doivent produirent davantage à coût constant

Dans un point de vue publié par La Tribune, le sénateur de la Meuse Gérard Longuet, estime que « la France a besoin d’ambitions territoriales liées à des projets ». « La question aujourd’hui n’est pas tant de savoir si les collectivités locales peuvent dépenser moins par la magie d’une réforme mais si, au bénéfice d’une clarification des structures et des missions, elles peuvent produire davantage au service de la France, et cela à coût constant. Dans ce cadre, cinq pistes doivent être suivies : les services d’utilité, l’espace habitable à prix raisonnable, les transports, la cohésion sociale et l’excellence territoriale. »

Le big-bang territorial attendra

Selon le politologue Romain Pasquier, le big-bang territorial n’est pas pour demain. Dans un point de vue publié par Les Echos, il estime en effet que le rapport Balladur ne le préconise pas.

« Les points d’achoppement de la décentralisation française sont bien connus : un empilement des structures marqué par le nombre bien trop important de communes (36.783 communes contre 8.414 en Allemagne) ; un enchevêtrement des compétences et des financements illustrés par la concurrence entre départements et les régions ; une fiscalité locale vieillissante ; et enfin, un système illisible pour le citoyen contribuable. »

Que propose le rapport Balladur ? Il « décline, à partir de droits existants (droit à l’expérimentation pour le rapprochement entre collectivités), des propositions pragmatiques qui permettent pour l’essentiel de contourner l’obstacle d’une réforme constitutionnelle. Supprimer certains échelons ou instaurer une hiérarchie entre les collectivités territoriales auraient en effet nécessité de modifier la Constitution à une période où le gouvernement ne dispose que d’une majorité relative au Sénat, ce dernier étant lui-même très largement favorable au statu quo territorial... »

Une décentralisation vue d’en haut

De futurs administrateurs territoriaux, un « Collectif Acte III des élèves administrateurs territoriaux », donne leur point de vue dans Les Echos sur la réforme Balladur. C’est « une décentralisation vue d’en haut », estiment-ils, qui « privilégie les schémas théoriques et tient insuffisamment compte des intérêts locaux et de l’avis des populations. »

Favorables à une réforme du « millefeuille territorial », ces élèves, qui souhaitent l’élargissement des régions et l’achèvement de la carte de l’intercommunalité, s’opposent à la suppression de la clause de compétence générale et préconisent la mise en place de chefs de file. Ils reprochent également au comité Balladur de ne s’être intéressé qu’à la marge au « millefeuille de l’Etat déconcentré et de ses agences », car « une part non négligeable de la rationalisation administrative se joue entre l’Etat, d’une part, et les collectivités, de l’autre. » Enfin, autre et entre autres griefs, ils regrettent que le comité Balladur n’ait prôné qu’une « énième instance de contrôle des dépenses locales », alors que « la réforme des collectivités est également une occasion unique de renforcer la transparence fiscale et la péréquation entre collectivités riches et moins riches. »

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