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C'est la rentrée!...a en croire les grands médias tout irait bien. De la menace de la Grippe H1N1, aux campagnes de communication bidouillées du ministre par quelques militants UMP sur le prix des fournitures scolaires, on en oublierait presque quelques réalités...Et pourtant, il en est une qui est incontournable,  c'est bien celle des suppressions massives de postes d'enseignants...je vous invite donc à lire cet article en vous souhaitant malgré tout une bonne rentrée et en vous donnant rendez vous, au coté des enseignants et des parents d'élèves,  pour défendre le service public et que pour que l'éducation redevienne une priorité nationale.
Cordialement
jacques ROUSSET 


Rentrée au rabais

Alors que 12 millions d’élèves regagnent, aujourd’hui et demain, les bancs de l’école, le monde éducatif est confronté à un désengagement inédit de l’État.

« Un appauvrissement sans précédent. » Gilles Moindrot, le secrétaire général du SNUIPP-FSU, principal syndicat du primaire, n’a pas eu d’autres mots pour décrire la situation de l’éducation nationale en ce jour de rentrée scolaire, où quelque 12 millions d’élèves reprennent le chemin des classes. Malheureusement, ce constat, largement partagé, n’a rien d’alarmiste. Ni de surprenant. Juste lucide à l’heure où le gouvernement s’apprête - pour la huitième année consécutive - à tailler dans les effectifs des personnels enseignants : 13 500 disparaissent cette année, en attendant les 16 000 de 2010. Si l’on remonte à 2003, le nombre de suppressions de postes est tout bonnement vertigineux. Il frôle les 62 000 ! Une saignée historique, dont le gouvernement se plaît à nier les effets. Mais que le monde enseignant et les élèves payent déjà au prix fort. Explications.

Diminution de l’offre scolaire

À entendre le nouveau ministre, Luc Chatel, la fonte régulière des effectifs n’a pas de conséquences dans les classes. Arguant même d’un « taux d’encadrement » qui ne bougerait pas d’une année sur l’autre. « On fait du sur-mesure, à partir des besoins locaux, se flattait, lundi dernier, Jean-Louis Nembrini, le directeur général de l’enseignement scolaire. Et, en moyenne, on a toujours le même nombre d’élèves pour un prof. » Miracle ? Non, arnaque. « Pour maintenir ce taux constant d’encadrement des élèves, le ministère rogne, en fait, sur tous les postes qui ne sont pas directement devant les élèves », explique Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU.

Enseignants détachés dans les musées ou les centres de documentation, profs chargés d’organiser des classes découvertes, maîtres spécialisés dans l’aide aux enfants en difficulté (RASED)… Ce sont eux les premières victimes des coupes claires. Avec pour conséquence, l’appauvrissement de l’offre scolaire. « Leur suppression rend l’école moins riche, moins ouverte », résume Guy Barbier, secrétaire national du SE-UNSA. En 2009, 1 500 RASED seront ainsi « réaffectés ». Leur rôle, pourtant bien spécifique, devant être assumé désormais par les enseignants, dans le cadre de l’aide personnalisée. Dans le secondaire, où quelque 7 000 postes sont supprimés cette année, ce sont surtout les options de langues ou de spécialités dans les filières technologiques qui se raréfient. « Elles sont offertes dans moins d’établissements », constate Gérard Aschieri.

Désorganisation des établissements

Autre cible privilégiée du ministère : les 50 000 remplaçants titulaires du second degré, les « TZR ». En cette rentrée 2009, la rue de Grenelle prévoit d’en faire disparaître 3 000 en les affectant, à l’année, sur des postes fixes. Résultat ? « Tous les TZR sont déjà affectés dans certaines académies, alors que la rentrée n’a même pas été effectuée ! » s’agace Frédérique Rolet, co-secrétaire général du SNES-FSU. Du côté des chefs d’établissement et des rectorats, on se prépare donc, comme cela devient régulièrement le cas, à recourir à des étudiants vacataires, payés à l’heure et recrutés… via des annonces à Pôle emploi !

Même si les services de la rue de Grenelle s’en défendent, les effectifs dans les classes vont, par ailleurs, continuer à enfler. « Les effets des suppressions de postes, d’une année sur l’autre, ne sont pas forcément spectaculaires, c’est un ou deux élèves de plus, explique Frédérique Rolet. Mais, au final, on revient à des taux de 35 élèves par classe. » Un embouteillage qui rend compliqué tout dédoublement de classes ou même un simple travail en groupe.

Autre chiffre, enfin, qui illustre ce désengagement continu de l’État dans l’école publique : le taux de scolarisation des enfants de moins de trois ans. En quelques années, il est passé de 24 % (2003-2004) à 17 % (2007-2008). Une tendance qui pourrait bien s’accentuer avec l’apparition de jardins d’éveil payant et gérés par les collectivités locales (lire ci-après). Au final, les « tout-petits » n’auront plus leur place sur les bancs de la maternelle.

Des lendemains qui déchantent ?

À en croire les statistiques, la situation pourrait bien s’aggraver dans les prochaines années. Du moins si le dogme du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant en retraite continue d’orienter toute politique publique. De manière globale, les effectifs des élèves en collège (+ 16 000 cette année) et en primaire (+ 17 000) ne cessent d’augmenter. Une hausse qui devrait se répercuter rapidement au lycée qui, lui, affiche pour l’instant un recul (- 27 000). « Il n’y a aucune anticipation de cette remontée qui va intervenir mécaniquement, s’inquiète le SNES. Et au-delà, il n’y a aucune volonté de réduire les inégalités. » Comme un symbole affligeant de l’état d’esprit qui guide l’action ministérielle, Luc Chatel n’a pas eu un mot, lundi dernier, dans son discours de rentrée, pour les zones d’éducation prioritaires. « On se contente désormais de charger chaque année la barque des professeurs, souffle Frédérique Rolet. Jusqu’où ? On a vraiment le sentiment d’une asphyxie progressive. »
Laurent Mouloud (journal l'Humanité)

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